Henri Meschonnic (1932-2009) est l'auteur d'une oeuvre considérable où poèmes, essais et traductions font le continu d'une théorie du langage et du rythme et d'une pratique d'écriture et de lecture pleines de vie l'une par l'autre. Ce blog offre simplement des documents à tous ceux qui de près ou de loin aimeraient continuer avec Henri Meschonnic.

dimanche 28 février 2010

Un guerrero sin reposo

Une note de lecture sur la traduction récente par Hugo Savino e Ethique et politique du traduire en espagnol:


Un guerrero sin reposo

Por María Del Carmen Rodríguez
De la Redacción de LA NACION

Sábado 27 de febrero de 2010 |
Ética y política del traducir
Por Henri Meschonnic
Leviatán
TRAD.: Hugo Savino
192 Páginas
$ 56

Después de sus estudios universitarios en lenguas modernas, latín y griego, Henri Meschonnic (1932-2009), hijo de emigrantes judíos rusos que se instalaron en París en 1924, fue movilizado en 1960 durante la guerra de Argelia. Partió con una gramática de hebreo bíblico, lo aprendió como autodidacta y leyó en la Biblia los acentos, los ritmos, la prosodia, las violencias gramaticales -el poema, en suma- que las traducciones clásicas borraban con la goma de la interpretación. Allí comenzaba su propia guerra, sin cuartel y en todos los frentes. Como profesor de lingüística y literatura en Lille, en Vincennes después de Mayo del 68 y en la Universidad de París VII; como poeta, desde 1972 hasta su muerte; como traductor al francés de muchos capítulos de la Biblia y con más de treinta ensayos de gran calibre, entre ellos, Crítica del ritmo. Antropología histórica del lenguaje , uno de sus libros señeros.

"Yo había tomado como epígrafe para Crítica del ritmo , en 1982, las palabras de Mandelstam, en la poesía es siempre la guerra´", escribe el autor en uno de los dieciséis artículos que componen Ética y política del traducir . Y en este libro cuyo original data de 2007 prosigue su combate sostenido contra: la separación del lenguaje y la vida (en esta lucha apela a Benveniste y Spinoza), las especializaciones académicas -de la lingüística a la traductología- que se ciñen a las lenguas sin plantearse una teoría del lenguaje (su referente es Humboldt), el mantenimiento del dualismo del signo que parte de un Saussure mal entendido, las interpretaciones filosóficas del poema que se basan en el sentido (el enemigo principal es Heidegger) y a veces desembocan en la mitología babeliana de lo intraducible (Steiner, Benjamin, Derrida), la hermenéutica religiosa y teológica que "desescritura" el texto que "adora" al traducirlo... La lista está lejos de ser exhaustiva.

Más relevante es el papel que le atribuye Meschonnic a la traducción en lo que él llama la "interacción lenguaje-poema-ética-política". Aclaremos que, para él, "no son las lenguas las que son maternas sino las obras las que son maternas": por caso, de la Biblia nace el hebreo y no a la inversa. Partamos de un ser de lenguaje que busca "constituirse como sujeto por su actividad", por su práctica reflexiva, al traducir. Lo importante no es lo que el texto dice -el sentido-, sino lo que hace -con su fuerza-, lo que le hace a ese sujeto que, a su vez, le hace decir a tal o cual lengua en la que escribe algo que tal vez nunca le hayan hecho decir. De esta suerte de doble forzamiento (del texto al sujeto, del sujeto a la lengua) se deriva que "traducir desempeña un papel mayor y único en la teoría de conjunto del lenguaje: el de una poética experimental"; que la poética es ética, ya que transforma tanto al sujeto que escribe como al que lee, y política, porque "la ética del lenguaje concierne a todos los seres de lenguaje, ciudadanos de la humanidad".

Se puede decir que, desde su práctica- teórica, este guerrero sin reposo "fuerza" al pensamiento como fuerza a la lengua en este libro poblado de espléndidos ejemplos de sus versiones bíblicas. Que el "Dios de los Ejércitos" devenga, en su retraducción atenta a la "panrítmica" del texto, "Dios de las multitudes de estrellas" no es un ejemplo menor. En consonancia con el combate de Meschonnic se oye la fuerza de la voz del traductor, Hugo Savino, que también vertió al español, del mismo autor, La poética como crítica del sentido y los poemas de Puesto que soy esa zarza .

© LA NACION

Crítica de libros / Ensayo


Sábado 27 de febrero de 2010 |

dimanche 21 février 2010

La revue Po&sie rend hommage à Henri Meschonnic


Revue Po&sie, n°128-129

Editions Belin

ISBN 978-2-7011-5486-2

32 euros


ADIEUX

À Henri Meschonnic, par Denis Thouard

À Martine Broda, par Esther Tellerman et par Yves di Manno

jeudi 18 février 2010

De la poésie osmotique d’Henri Meschonnic

Tout entière parcourue, investie, habitée par une poétique du silence autant que du langage, la poésie d’Henri Meschonnic est une poésie qui agit en eau souterraine sous la souffrance et le questionnement. De manière subtile, presque invisible, la voix pousse ses mots au-delà de la plainte dans une volonté pacifiante et réconciliatrice. Résolument osmotique.

Sans commencement ni fin, la voix qui « marche » dans les trois derniers recueils Puisque je suis ce buisson (2001), Tout entier visage (2005), Et la terre coule (2006) tisse dans la continuité du temps et du monde, une même partition, ouverte sur l’infini:

« l’infini et moi on se/comprend puisqu’on va/ensemble. (etc, p. 21)

Les trois derniers recueils

Mettre en vibration les cordes sensibles des trois derniers recueils poétiques permet à la fois de faire jouer sous le lacis des mots - voix, vois, vie, visage, voyage…- les glissements de sens, et de découvrir, sous l'apparente simplicité de la forme et des vocables, la multiplicité complexe de l'univers du poète. Un univers dans lequel traduction de la Bible et création poétique participent du même indissociable foisonnement /fusionnement, de la même « coulée » ininterrompue. Du même souffle.

Introduit par un dicton yiddish, Puisque je suis ce buisson pose la remise en question du commencement biblique :

« je suis le recommencement du monde »

affirme le poète dès le poème d'ouverture du recueil ;

« c'est la fête... /d'être chaque instant/ que le commencement d'un monde »,

conclut-il dans le poème final. Dans Tout entier visage, la relation à l’autre, aux autres, passe par le rapport du poète à l'être aimé et, de là, à l’infini :

« c'est ton visage/que j'écris /depuis tant et tant de mondes » (p. 82) ;

« j'ai de plus en plus/la voix /de tant de visages qui sont/mes visages/

je me rencontre dans tant de vies » (p. 87) ;

« comment pourrais-je/infini/dire/quelque chose/du fini (p. 91)

Enfin, dans Et la terre coule, face aux violences de l’histoire et du monde, le poète prend résolument le parti de la vie:

« et la terre coule/ c’est du sang » (p. 7)

« tous mes mots/ sont pour la vie » (p. 90).

« Dire constitue le vivre »

Au commencement était le Verbe. Le Verbe pour nommer le monde, et, le nommant, le créer. Créer en séparant, pour mettre fin à l’abîme originel et au Chaos. Puis il y eut Babel, mythe de l’unité perdue et de l’origine du langage. Et « scène primitive de la traduction ».

Au commencement du monde poétique d’Henri Meschonnic, il y a la vie,

« la vivante/la riante/qui est là toujours en nous » (etc, p. 7).

La vie qui crée le poème, le poème qui transforme la vie. « Parce que le poème est une éthique, en ce qu'il transforme le sujet ». Le poème révèle à chacun « l'inconnu que nous sommes à nous-même ». Vivre prioritairement. Écrire. Une osmose parfaite qui se lit dans le titre du dernier essai, Vivre poème (2006) et se confirme dès l’incipit :

« Toute ma vie est dans mes poèmes, mes poèmes sont le langage de ma vie ».

« Dire constitue le vivre » (Dédicaces proverbes, 1972, p. 8).

Les poèmes modèlent l'homme :

« Ils me font plus que je les fais » (Vivre poème, p. 9).

Sous « l'ensilencement » même des mots, la voix

Au commencement de la vie d’Henri Meschonnic, il y a un monde. Un monde d’au-delà des mots, d’au-delà du silence même. Sous « l’ensilencement » même des mots, il y a une voix, à la fois une et autre, singulière et plurielle. Une voix qui se situe « entre ». Dans l’entre-deux des mots. Entre mémoire et oubli, voyage et attente, marche et immobilité. Entre énigme du moi et évidence vitale-vivifiante de l’amour :

« et son jour est de la nuit/entre/entre deux soleils » (tev, p. 81).

Une voix qui commence in medias res et coule son flux régulier d’un recueil à l’autre, un flot que ne viennent interrompre ni ruptures grammaticales fortes, ni ponctuation ni majuscules. Une voix sérielle qui déplie et déploie son réseau de sens avec/par et autour des sons: le [ɥi] de puisque/suis/buisson/puits/puis/ depuis/ nuit/bruit, pour le premier recueil ; le [v] de visage/vie/voyage/vient du second recueil ; le [u] de coule/foule/bouche/jour/autour/nous…du dernier recueil. Une voix « inassoupie », sans obstacle apparent que ceux qui fondent le poète à lui-même. De la vie à la poésie, un même esprit, un même rythme, une même respiration animent vie et poème. Concomitamment et consubstantiellement.

Énigmes

La première voix qui se fait entendre dans Puisque je suis ce buisson est une énigme. Elle est la voix hors texte du paratexte. Une voix qui reprend celle plus ancienne d'un dicton yiddish : « ça ne commence pas » « et ça ne finit pas ». Deux tenants indissociables d’un même paradoxe. Acéphale et a-caudale, « sans queue ni tête », sans commencement ni fin, la poésie d’Henri Meschonnic pourrait se définir comme un ouroboros régénérateur qui s’engendre lui-même dans un éternel recommencement. Cercle infini où un nouveau début coïncide sans cesse à une nouvelle fin dans la répétition ininterrompue des visages du monde. Énigme d'autant plus insaisissable que le dicton précise quelle interprétation donner à ces mots: « c'est un mensonge/ça ne tient pas debout ». L'explication, loin d'être éclairante, obscurcit davantage encore l'affirmation première. Il faut attendre qu’Henri Meschonnic reprenne cette énigme à son compte pour s'en saisir avec plus de clarté:

« le monde/n'a pas commencé/puisqu'il ment/nous cherchons/le commencement » (p. 54).

Par un subtil glissement paranomastique, Meschonnic établit de manière irréfutable le lien causal direct entre négation du commencement du monde et mensonge. Mensonge difficile à cerner, difficile à entendre, car « mentir ne fait pas de bruit » (etc, p. 13). Comment comprendre le recommencement du monde dès lors que le commencement lui-même est nié ? La réponse surgit plus loin, dans le troisième recueil, paradoxale, positive, osmotique :

« le commencement du monde c'est/nous en nous c'est tout ce qui/se fait de nous sans que nous/le sachions avec la fête/dans les yeux dans les mains dans/ce qui passe de nous entre/tout le temps de tout les corps » (etc, p. 26).

La voix du puits

Inattendue et unique, surgit la voix du « puits ». Celle d’un « il » injonctif, qui n’apparaîtra plus par la suite. Qui est ce « il » qui parle ? D'où parle-t-il? À qui s’adresse-t-il ? Quelle parole est la sienne ? Comment interpréter la parabole qu'il profère ?

« un puits il avait dit un/puits un puits qui était là /un puits qu’il fallait forer » (psb, p.22).

Associé à la parole, le puits est un lieu chargé d'histoire et d'attente. Serait-il le « miroir » inversé de la tour, son double terrestre ? Lié à la rencontre des troupeaux et des hommes, lié à l'échange, il l’est aussi à la re-co-naissance de Rachel par Jacob, puis de la Samaritaine par le Christ. Le puits est cette « bouche d'ombre » par laquelle passent les fils entrecroisés de l’eau et de la parole :

« l’eau des paroles/coule/depuis ».

Tout entier construit sur le couple métaphorique eau/parole, boire/dire, le poème du puits joue sur les parallélismes et les répétitions binaires :

« mais jamais assez pour boire/jamais assez pour tout dire la soif est toujours plus forte»;

mais aussi sur l’association parole et bouche, parole et pierre :

« la parole une pierre la bouche/pleine de pierres/les parleurs des pierres dressées ».

Quelque chose a été perdu, s’est égaré sous le trop-plein des pierres, sous les discours vains des « parleurs ». Mais quelque chose aussi qui semble relever du désir n’a pas été atteint :

« on n’a pas dit ce qu’il faut/on a trop dit sans rien dire ».

De ces contradictions et des souffrances qu’elles engendrent naît l’absolue nécessité de « retrouver/le son/de l’eau qu’on boit dans les mots » (psb, p.22).

Le temps et le visage

Au commencement de l’œuvre poétique d’Henri Meschonnic, il y avait le temps. Hier, aujourd’hui, demain. Le présent s’interposait sans fantaisie chronologique entre le passé et le futur. Les points et les majuscules étaient autant de stèles dressées dans le texte pour signaler le passage d’un temps à l’autre, d’un poème à l’autre, d’une étape à l’autre d’un poème. C’était le temps d’avant, un temps de surdité et de pesanteur qui faisait dire au poète :

« J’étais la voix des autres/j’admirais l’aridité/qui montrait ses fleurs rouges./ L’araignée des proverbes/marchait quarante années/derrière un fourneau » (dp, p.15) ;

ou encore :

« quand je ne m'entendais pas/j'étais coupé de moi-même » (psb, p. 23).

Mais, plus bas, en conclusion du même poème et en opposition à ce passé, inscrit dans un lointain biblique résolument révolu, survient un présent par lequel le poète affirme sa différence en même temps que l'ancrage, dans sa propre voix, d'un langage osmotique singulier:

« Maintenant toutes mes paroles/sont ensemble mon exil et mon pays/je passerai ma vie à ressembler à ma voix » (dp, p. 15).

La voix qui parle quelques années plus tard dans Puisque je suis ce buisson parle au-delà du temps. Elle en abolit les frontières. Elle en brouille l’ordre et la clarté chronologiques. La linéarité temporelle disparaît au profit d’une circularité qui ne prend tout son sens que si le lecteur fait résonner pleinement les associations antagonistes passé-futur : hier-sera /hier- fera-demain :

« je ne sais pas/ce que hier/sera/ce que fera le passé/l’inconnu/n’est pas demain/c’est ce que hier /fera/de demain.

À la fois continu et discontinu, lié à l’attente, le temps mystère se dérobe:

« je continue un passé/je continue un futur/le présent/contraire à toutes/les promesses tous les savoirs/le présent s'est absenté/.

Tissé de passé qui se dissout dans le futur, soumis à la confusion, il est le temps de l’histoire et le temps de l’homme. Pris dans l’étau du « trop de mémoire pour trop d’oubli », le temps est une énigme que seule résout l’énigme plus grande de l’amour.

« je suis/du temps serré dans ton temps » (psb, p. 61).

Le temps du poète est inséparable de celui de la femme aimée à qui est dédié le recueil. Et c'est la même voix symbiotique qui pousse ses mots-visage et les roule jusqu'au recueil suivant :

« c'est ton visage/que j’écris/depuis tant et tant de mondes » (tev, p.82).

La voix qui unit le « je » au « tu » abolit les frontières de l'un à l'autre, elle abolit les contraires et recrée l'unité :

« c'est par la nuit que je suis/le jour c'est par tes yeux que/ j'ai ma voix par toi que je/suis le toujours aujourd'hui » (psb, p. 24).

Le visage de la femme aimée - plus par toi que pour toi (dp) ou « Régine avec toi » (psb) - mais aussi ses mains, sa voix, son corps - modifie peu à peu la notion même de visage dans l'esprit d’Henri Meschonnic. Se modelant au passage sur d'autres visages, le visage du poète - « analphabète des visages » - évolue vers d'autres visions élargies qui se superposent sur la vision initiale et y incluent les visages autres :

« je n'ai pas un visage/je suis tout entier visage/mais je ne sais plus si c'est/tout à fait le mien le tien »,

avait annoncé le poète dans Puisque je suis ce buisson (p. 32).

« pas tout entier visage/ non/tout entier tous les visages », reprend-il en écho à lui-même dans Tout entier visage (p.38).

Dans ces entrelacements du temps et des visages, quelque chose change que l'on ne perçoit pas au premier abord. Mais peu importe que le monde change dans l’entre-deux-tours, d’un jour à l’autre, toujours par glissements imperceptibles et par échos, le poète, lui, avance. Visage, bouche, mots, main, attente, voyage, silence tracent leur voie dans cette indistinction voulue qui est l'une des marques essentielles de la poésie d’Henri Meschonnic.

Je et l'autre

À l’indistinction fusionnelle du temps s’ajoutent d’autres formes de fusionnements dont celle majeure du « je » fondue aux autres :

« j’ai tellement regardé regardé/les autres qu’ils sont une part/maintenant de mon regard » (etc, p. 31).

La voix qui mêle le « je » au « toi », « le mien » au « tien », oublie ce qui divise et sépare, efface les frontières individuelles pour laisser place à une expansion singulière qui inclut le « je » à l'autre, « le je » aux autres :

« maintenant je suis chaque autre ».

Le monde d’Henri Meschonnic ne commence qu’avec ce fusionnement « moi et toi lui elle et lui » (psb, p. 9). De cette osmose parfaite naît la re-création du monde, le re-commencement. Dès lors, le titre biblique du recueil prend toute sa force dimensionnelle. Fondamentale et fondatrice. Le poète s’affirme dans son être : « je suis » et s’inscrit dans une définition existentielle : « je suis ce buisson ».

Le poème qui donne son titre au recueil développe explicitement cette affirmation. Le buisson - celui-là même que l’épisode biblique de Moïse nomme « buisson ardent » - est vécu par Meschonnic comme le lieu originel par excellence - « des lieux sont plus pleins d'attente/ que d’autres » - en même temps qu’il en est lui-même l’élément constitutif. Transmis « de l’autre bout de l’attente », le « talisman » de l’histoire rend le poète à son incandescence infinie :

« je dors le temps/depuis que/je brûle sans me consumer/ puisque je suis ce buisson ».

Temps, attente, histoire, amour, mémoire, langage, silence... tressent ensemble, d'un recueil à l'autre, un réseau de ramifications et de sens. Intimement liés à la marche comme la marche l'est au buisson. Semblable à la voix qui glisse sous les mots, le feu se propage. Il s'écoule au-delà du buisson jusque dans la marche dans un parfait fusionnement : « marcher c’est brûler », (psb, p. 49) ; une brûlure qui se fait « sans réfléchir », donne naissance à « nos paroles » et s'inscrit dans cette « histoire qui marche en dormant » . Inséparable du sommeil, la marche traverse le recueil - « chaque plus petite part de moi/ me pense me dort me réveille dans notre marche/qui fait notre lit… » (etc, p. 11)-, rythme le poème de sa scansion. Le poète en mouvement avance. Attentif aux contraires qu'il associe, dans une symbiose heureuse avec le cosmos (paroles/silence, intériorité/extériorité) :

« j'avance avec/le silence des arbres »; « je marche avec le rond du ciel » (psb, p. 43)

et plus loin, dans le poème suivant:

« je ne parle pas /mes mots je/ les marche ; « et toutes les vies/que je vois/ en chemin forment/ des parts de/ ce qui marche en moi » (psb, p. 45) ;

« et je marche mon silence » (psb , p. 47).

« une marche/du sens » se dégage, liée à la marche de l'histoire, au voyage de la mémoire :

« nous sommes des sommeils qui marchent »;

« mais voyager ma mémoire/ à quoi bon puisqu'elle/ va seule » (psb, p. 50).

Pourtant, la contradiction est là, au cœur même de la marche et du feu. Au cœur des mots, les choses se brouillent, les sens s'intervertissent - « je vois des bruits/l'autre rive » (psb, p. 57). Le poète trébuche, dissociations et dislocations, puis, de répétitions en assonances, rebondit sur les obstacles et les hésitations, les énigmes :

« je n'ai pas écouté je/vais mais j'ai perdu des mots/je ne comprends pas une eau/ après une eau j'avais tant/d'énigmes/sommeils sommeils/de soleils /à déchiffrer que je ferme/les yeux sur toutes les vagues/... »

L'indistinction chaotique guette. Ce qui survient alors, c'est l'impossibilité de dire :

« l'impossible de dire pousse/son silence »; « le manque de mots est notre/réveil » (psb, p. 53).

Le trop et le peu

Pourtant, en dépit des obstacles, la nécessité existentielle de marcher demeure :

« et je marche visage/de vie en vie/être le monde n’a pas de fin/à mon plaisir » (etc, p. 31).

Associé au temps et au vivre, marcher passe par l'économie des mots - et la brièveté des poèmes -, dans le rapport au silence :

« marche temps/marche vivre/pas un mot/aujourd'hui pas davantage » (psb, p. 75).

Car c'est du peu que naît la plénitude. Du fragment que naît le bonheur:

« c’est pourquoi chaque/fragment du regard/est un fragment/ de bonheur » (etc, p.57).

A contrario, c'est du trop que survient l'obstacle :

« au désert ce qui déborde/nous/le grain de sable/en trop (psb, p. 71).

Trop de langage tue les mots, trop du langage des autres tue l'accès au moi profond :

« des jours des jours pour un mot/en un mot sans un mot un mot sans/je m'absente/du temps des autres... » (psb, p. 79).

De cette difficulté à se saisir de lui-même naît la nécessité de se mettre à distance pour mieux se percevoir. Peut-être le poète est-il « l'errant des rêves » (le juif errant ?) dans lequel fusionnent l'autre et lui-même - « lui/c'est moi » - avenir et passé, « douceurs » et « douleurs » qui se résolvent dans le « nous » et coulent/ entre nos doigts... » (psb, p. 73).

Le poète n’est-il pas ce marcheur « immobile » qui joue avec les contraires « le soleil dans une main une/nuit dans l'autre en équilibre »... , jongle avec les chemins - « une vie devant l'autre » ? Dès lors, les voies qui divergent se rejoignent dans une seule et même vie: « la nôtre » (psb, p. 66).

Angèle Paoli

NOTE. Les abréviations renvoient aux ouvrages cités: dp (Dédicaces proverbes), vp (Vivre poème), psb (Puisque je suis ce buisson), tev (Tout entier visage), etc (Et la terre coule)

Angèle Paoli anime le site http://terresdefemmes.blogs.com/

Pour aller directement aux liens concernant HM sur ce site, voici l'adresse :

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2009/04/8-avril-2009mort-dhenri-meschonnic.html

Como ser posthitleriano sin saberlo

Raíces N° 76

Año XXII – Otoño de 2008


Como ser posthitleriano sin saberlo

Leí en The New York Times del 5 y 6 de mayo de 2002, la selección semanal presentada por Le Monde, un artículo firmado Susan Sachs, titulado “Age-Old Anti-Semitism gets an Islamic Twist” (el antisemitismo secular toma un giro islámico). Se leía allí que en los hoteles cinco estrellas, de Jordania a Irán, se pueden comprar Los Protocolos de Los Sabios de Sión. Leí que la imaginería del judío con nariz ganchuda pulula en los manuales escolares árabes. Amalgama de la imaginería cristiana del judío usurero y pueblo deicida con la imaginería nazi, como la amalgama entre israelí y judío transforma una guerra aparentemente territorial en una guerra de las religiones.

También se leía que en el pasado abril el diario saudita AI Riyadh publicaba un artículo firmado por un universitario, retomando la acusación de homicidio ritual, que se habría creído de otro tiempo, como un “hecho bien establecido”: sangre de niño cristiano (esta vez, encima, musulmán) para consumirla en la fiesta de Purim, para hacer el pan ácimo (ah, tiempo atrás era solamente en Pascuas). Pero una vez el artículo traducido al inglés, el editor del diario lo había desmentido, agregando que no tendría que haber aparecido.

Así va el discurso. Doble. Para el uso interno cumplió con su trabajo. El trabajo hacia el exterior consiste en denegarlo. La denegación, para el Occidente y en sus lenguas, la exacerbación máxima, en árabe. Doble juego, doble lenguaje, doble lengua. Y el juego continúa, que no engaña más que a los “idiotas útiles”. Expresión de Taguieff. Igualmente para cada atentado suicida, una condena; nuevo atentado, nueva condena. Así indefinidamente.

El recurso constante a Los Protocolos de Sión, como un homicidio ritual, acapara una nazificación y una islamización, o más bien la islamización integra todo un pasado múltiple de temas pasados por el nazismo. Es la islamización del antisemitismo. Recupera todas las vulgatas, incluso la vulgata cristiana del pueblo deicida.

Pero no leeremos estas cosas en la gran prensa francesa, esta islamización del conflicto israelí-palestino. A tal punto que ese silencio de la prensa parece extraño.

Ese silencio mediático resulta ser posthitleriano sin saberlo, o sin querer saberlo. Hay que ver lo que hace el poder de desinformación de la mediocracia. O la prensa es incompetente, y debería saberlo. Los libros especializados y documentados no faltan. O sabe y no dice nada. Entonces, es que acepta. Es cómplice. Pero va enseguida a denegar. Ese silencio se apoya sobre diecisiete siglos de entrenamiento cultural de cara al judío. Toda una cultura, que es una incultura. Y acomodamientos con la ética.

Hacer Céline

Ya que esta propaganda funciona. Su principal suceso tal vez es haber ganado para su causa, bajo el manto de justicia y de antiimperialismo, el imaginario de una izquierda idealista. La omnipresencia del complot judío mundial tiene por corolario una omniausencia en la prensa de izquierda. La hazaña: ser a la vez postcomunista y posthitleriano. Comedora de estereotipos. Hacer Céline sin saberlo: el colmo. En tiempos de Paul Morand, estaba situado a la derecha. Ahora, está a la izquierda.

En nombre de una “solidaridad con las víctimas”, como se expresaba el director de las ediciones Fata Morgana, el 7 de octubre de 2001, y se han visto poetas sumarse a esa piadosa comunión. Se vio esta cosa cuyas paradojas y contradicción pasan desapercibidas: una comunión con el odio, que cree comulgar con el amor. Siempre Hegel, la religión del odio, la religión del amor.

Es hermoso, el amor. Ese propalestinismo da muestras de una sordera muy específica y ni siquiera escucha, contrariamente a lo que aparenta, su propia causa. Es un conformismo parecido a la buena consciencia, excepto que es una inconsciencia.

En apariencia, es la causa del oprimido, del humillado. Pero la generosidad no ve los Protocolos de Sión, el mito del homicidio ritual, como tampoco el prefacio de Arafat a Mein Kampf, Mein Kampf que se encuentra en los kioscos de libros y diarios del aeropuerto de Amman. Un prefacio a Mein Kampf. No esta mal, ¿no? Nadie habla de eso. ¿Por qué? Es que no parece dejar ver la representación del palestino como víctima. Lo que ciertamente es, pero tal vez no como se cree. Y la “palestinolatría” como dice Bat Yeor (en Nouveaux visages de l’anti-sémitisme, ed. NM7, 2001) rehabilita el “muerte a los judíos”. Por otra parte, lo vi escrito en mi barrio: “MUERTE A LOS JUDÍOS” (sic). Pero no hay que verlo, no hay que decirlo.

Algunos saberes no pasan. Aquello que exponía en detalle Pierre-André Taguieff en Los Protocolos de los Sabios de Sión, Falsificados y uso de documentos falsificados (Berg International, 1992): que son constantemente reeditados por la Universidad Al-Azhar de El Cairo, y primero traducidos y difundidos a comienzos de los años veinte por árabes cristianos. Traducidos al árabe y al persa, presentados como pruebas.

Reeditados en Damas en 1983, como estaba allí editado El pan ácimo de Sión, en 1985, por el ministro sirio de la defensa: el homicidio ritual, como Taguieff lo precisa en La Nouvelle Judeophobie (ed. Mille et une Nuits, Fayard, 2002).

La Amalgama

Es Los Protocolos de los Sabios de Sión, detrás del padre Pierre, que incriminaba el “lobby sionista internacional”. El mito de los judíos reyes del mundo, por la judaización generalizada del mundo occidental. Para Vichy Francia estaba “enjudiada”. Ahora es la amalgama con un mismo objetivo, los “intereses” americanos o franceses en una cruzada anticapitalista. Por lo tanto los mismos atentados. Sin embargo no se matan “intereses”, sino seres vivos.

Y en principio, cronológicamente, la cruzada fue cristiana luego islámica. Es un odio teológico. Y los odios teológicos son insaciables. Se trata de una demonología. Y esta paranoia, que empezó con el cristianismo “verdadero Israel”, termina por excluir a los judíos de la humanidad; “Our war is with Jews”, dice un video de Ben Laden. La amalgama judío-sionista se prolonga en judío-Occidente. Pero ahí donde la islamización muestra el Occidente, el hombre de izquierda no ve más que el palestino víctima. Así a la causa palestina se la transforma en su interior en antioccidentalismo radical, contra todos los impíos, para que no permanezca sobre la tierra más que el islam, pero los ojos del hombre de izquierda no quieren verlo.

El hombre de izquierda quiere una conciencia tranquila. A lo políticamente correcto no le gusta que le agiten antecedentes molestos. Prefiere el discontinuo a un continuo con relaciones islámicas al nazismo. Ya estaba ese muftí de Jerusalén condenado por el tribunal internacional en 1945 y que de Gaulle, extrañamente, protegió.

Un Néohitlerismo

Prestado de Mein Kampf, el tema de los judíos maestros de la mentira. De donde toma también el negacionismo. Ahí está la izquierda que faurissona sin saberlo tampoco. Decididamente, qué negligencia… Metáforas a la Mein Kampf: los judíos “como un absceso”. O “parásitos”. La metáfora patológica o animalista: “simios” y “puercos” (lo que ya quería decir marranos), radicalizando un pasaje del Corán. La modernidad, un cáncer. De ahí depuración, limpieza. Por la salud. Otro tema hitleriano de la islamización: subhombres. Todos impíos. Pero los judíos, farsantes, traidores, codiciosos. Lo que venga. Y las falsificaciones históricas, para vaciar al judío de toda identidad histórica y geográfica. Abraham es musulmán, y tiene sólo un hijo, Ismael. La eliminación del Estado de Israel no es más que un detalle. La aniquilación completa del judío es el motor y el fin.

Misma amalgama que en Hitler entre la judería, el imperialismo (americano) y el comunismo internacional – salvo que a éste se lo reemplaza por la democracia y los infieles. La victimización maniquea junta un postmarxismo y la guerra santa. La argumentación antiimperialista motiva la simpatía de los herederos de la izquierda, que cierran los ojos ante la utilización de todas las antiguallas del antisemitismo contra el Estado sionista.

Se sierran los ojos ante la enseñanza del odio y de la negación del otro en los manuales escolares palestinos, de la pequeña a la gran escuela (como lo muestra con precisión Yohanan Manor en Nouveaux visages de l’antisémitisme). En Allah aqbar, “Alá es el más grande” resuena el eslogan franquista: “Viva la muerte”.

No obstante esa cultura del odio y de la muerte perjudica la causa palestina. Muestra sin decirlo que tampoco quiere un Estado palestino más que un Estado de Israel. Es finalmente, un falso palestinismo. Un video-juego irrealisante, que ubica al jugador occidental que allí participa en una posición donde esta él mismo desrealisado.

Y ese neohitlerismo es consubstancial a la islamización del conflicto. Es imperioso denunciar esta “islamización del mundo” (Taguieff) que alcanza al reino de mil años de Hitler: un totalitarismo del odio. Un diario saudita presentaba en 1987 a Alá como cumpliendo aquello en lo que Hitler había fallado con respecto a los judíos.

La mundialización del islamismo no es separable de ese recurso constante a los Protocolos de Sión que lo descalifica. En el nombre de Dios: “Hesbollah” significa “partido de Dios”. Politización máxima de lo teológico-político. Que arrastra también con ella “una islamización de la teología cristiana” (Bat Yeor). En lo que agrega, al complot de la humanidad de los Protocolos de Sión, un complot contra Dios. El odio llevado a lo cósmico. Pero el hombre de izquierda no lo ve. El hombre de derecha, por su parte, sigue siendo antiárabe.

Una retórica de la inversión

Hay una retórica en esta maquinaria. Una retórica de la inversión. Y funciona. Esta retórica pone en escena una conspiración judía contra el islam, mientras que se asiste a una maniqueización islamista del mundo. El gran Satán es el agresor. Inversión de posturas, de víctima en verdugo: la cruz gamada sobre la bandera israelí, y el palestino víctima del neonazi israelí. Asimilación del sionismo a un racismo en 1975 por la Asamblea General de las Naciones Unidas, antes de que esta resolución sea abrogada en 1991. Sin que ningún término aquí siga siendo inocente, ni el de “Palestina histórica” como tampoco el de “colonos”. Y si el sionismo es un racismo, es una amenaza para el mundo entero, un genocidio de musulmanes. Esas ultranzas retoman la causa hitleriana: son los judíos quienes empujan a la guerra. Antes, era la segunda, ahora, la tercera guerra mundial.

Es la inversión del “atraso” musulmán en antimodernidad. Aquí se haría bien en leer, releer, la conferencia de Renan en 1883, “El islamismo y la ciencia”. Ya que permanece sorprendentemente moderna, disociando civilización árabe e islam, mostrando que la civilización árabe es grande cuando el islam es débil, y que ella se debilita cuando él es fuerte, y que “los musulmanes son la primeras víctimas del islam”, oponiendo el fanatismo al “respeto del hombre y de la libertad”.

Pero esos aspectos, no obstante ostentosos, siguen siendo silenciados en los medios a la francesa. Y allí se muestra más a un niño palestino muerto que a un niño israelí muerto. Los muertos no tienen la misma valencia mediática, según el campo en donde están muertos. Es verdad que los palestinos tienden a exhibirlos, no así los otros.

Amalgama fanatizante por un lado, silencio sobre esta amalgama del otro. Dos consensos complementarios. No hay por qué asombrarse que ese pantano vea hacerse público un enano que niega ser antisemita pretendiendo que hay demasiados judíos en ciertos medios, y que están por todas partes. ¿Antisemitismo? No. Solamente una vieja tradición francesa.

Pero estos silencios son estruendosos. Y la solidaridad manifestada se vuelve una solidaridad con toda esta construcción fantasmática. Siempre el viejo socialismo de los imbéciles – el antisemitismo – que toma posturas ventajosas.

Un fascismo de un nuevo tipo

El colmo de lo grotesco es que, de hecho, el hombre de izquierda aplaude el llamado a una guerra de los mundos en la que Huntington con El choque de las civilizaciones es el profeta. El hombre de la laicidad favorece una guerra de las religiones, en donde la democracia, asimilada al ateísmo, es sospechosa de todos los vicios. El racionalista se vuelve el acompañante de una cultura del odio y de la muerte que mitifica la historia. Cómplice pasivo, complaciente. Espectador de una ficción heroica y victimaria, demorada en un sueño revolucionario, el alma bella ve solamente lo que quiere ver.

Versión nueva de lo que Sartre llamaba el “demócrata abstracto”: de ahí una prohibición de la crítica, lo islámicamente correcto. No se critica al islam, sino se es islamofóbico. Todo el lugar al rechazo islamista de toda pluralidad-diversidad. Nada mal para un laico.

Pero es un fascismo de un nuevo tipo que así se deja instalar, creyendo que se lo reprueba. Una pasividad postmuniquesa, un pacifismo blando, por ende una complicidad con “el infame”. Primeramente, el negacionismo: según un diario palestino, es “la ficción del Holocausto”. Y el negacionismo es un postnazismo.

Una vez más el hombre de izquierda es un tonto, como para aportar su solidaridad al rechazo de la democracia. Se toma por un humanista, pero es amigo de la oumma, la comunidad de creyentes, se volvió sin saberlo un oumanista.

Como el estatus que se reserva a la Revolución Francesa lo demuestra, hay una solidaridad histórica entre los enemigos de la democracia y los enemigos de los judíos. No se puede a la vez condenar el terrorismo internacional y no escuchar todo lo que dice. Es no entender la permanencia de la advertencia de Saint-Just: “No hay libertad para los enemigos de la libertad”. Que provoca en algunos aires de espanto. Si se deja hacer no habrá en efecto más libertad. En lo que no se trata de ninguna manera de oponer una intolerancia a una intolerancia, sino de desenmascarar e impedir la intolerancia en su trabajo de odio y de muerte.

El enemigo de la humanidad es lo teológico-político. La ética, teologizada. Lo político mitologizado. Y el humanismo de izquierda, durmiendo sobre su anticapitalismo, mitologiza en coro con el anticapitalismo islamista. No hay peor ciego que aquel que no quiere ver. Mientras que en el nombre de Alá se enseñan Los Protocolos de Sión.

El discurso palestino se deshonra y se autodestruye recurriendo a ese posthitlerismo. El discurso propalestino, lejos de ayudarlo, lo hunde en el horror. La única cosa que queda ilesa, en esa carnicería, es su buena conciencia.

Así hay una demagogia del silencio. El amplificador de la prensa no está enchufado. Lo insostenible es pues inaudible. Ante ese silencio hay un deber de resistencia. Es la libertad, el pensamiento, la vida como un solo conjunto inseparable que está en peligro. Para todos. Incluyendo a los palestinos.

Henri Meschonnic

(Publicado bajo el título La demagogie du silence: le devoir de resistance en Information juive de julio-agosto de 2002).

Traducción: Rodrigo Grimaldi.

mercredi 17 février 2010

La poética como crítica del sentido



Cet article sur la traduction de Hugo Savino dans La Nacion (Buenos Aires), Sábado 23 de febrero de 2008
On le retrouve à cette adresse: http://www.lanacion.com.ar/nota.asp?nota_id=988735

Guerra contra el cliché

La poética como crítica del sentido
Por Henri Meschonnic
Mármol Izquierdo
Trad: Hugo Savino
$46
"En el lenguaje, es siempre la guerra", escribe Henri Meschonnic. Así comienza uno de los ensayos reunidos bajo el título común de La poética como crítica del sentido , y que bien puede considerarse la idea rectora del pensamiento de este lingüista y poeta francés nacido en 1932. Guerra, no polémica, distingue Meschonnic, relegando esta última al ámbito de la charlatanería, a los pasillos donde mora la opinión, esa forma de abolir la crítica, que es el lugar donde es posible pensar el lenguaje. De esta manera, el autor declara la guerra al signo, a la supremacía de la pareja significado-significante según el esquema de Saussure, y toma partido por el ritmo, entendido como "la organización del continuo en el lenguaje... sin olvidar la continuidad con la voz y el cuerpo en lo hablado". Ritmo versus signo es la constante del libro. El volumen comienza con una entrevista en la que Meschonnic se explaya en torno a su labor como traductor al francés de la Biblia hebrea. Sostiene que en el texto bíblico no hay verso ni prosa, y sí en cambio una rítmica muy precisa que en la traducción al griego realizada en el siglo III antes de Cristo fue suprimida. Otro tanto ocurre con determinadas frases cuyo significado ha sido cambiado por completo, como el famoso versículo en el que Dios es interrogado por Moisés acerca de su nombre, y Dios le responde, según la tradición cristiana que sigue la traducción de San Jerónimo, "Soy quien soy", cuando en verdad debería leerse "Seré/ que seré". La diferencia es notoria y tiene implicancias no solo lingüísticas, sino también teológicas y políticas. De allí que su traducción de la Biblia se sostenga en la voluntad de "rehebraizarla, descristianizarla, deshelenizarla y deslatinizarla".
No hay un Meschonnic traductor de la Biblia, otro poeta, y otro lingüista. Su concepción es una, y aquello que en la Biblia destaca como el enfrentamiento con los partidarios del sentido no difiere de su lectura de Humboldt, en quien encuentra un antídoto para combatir el pensamiento dominante en las ciencias del lenguaje del siglo XX. Meschonnic se da de frente con buena parte de la lingüística posterior a Saussure, con el estructuralismo, la semiótica y la crítica de raíz marxista. Y así como propone "olvidarse de Hegel", combate el modelo de lectura de la poesía de Heidegger. Le declara la guerra al cliché, y acaso esté allí el gran mérito de estos ensayos: ir incesantemente en busca de nuevas preguntas, antes que dar respuestas acabadas. Su apuesta en favor del ritmo desarticula lecturas fosilizadas y permite repensar aquello que la retórica y la lingüística entienden comúnmente por ritmo. Obliga a revisar los conceptos de estilo y poética, la relación entre poesía y vida. Meschonnic propone un ejercicio constante de relectura. Una manera de huir de la polémica para hundirse en la crítica, que nunca es lo opuesto de la poesía: "No hay más que una poesía", es decir, "la poesía que transforma la poesía. El resto es imitación. Kitsch para ricos".
Sandro Barrella

Esprit, juillet-août 1977

Embibler, taamiser avec les premiers gestes d'Au Commencement














Laurent Mourey "Embibler, taamiser avec les premiers gestes d'Au Commencement" dans B. Bonhomme et M. Symington (éds.), Le Rêve et la ruse dans la traduction de poésie, Paris : Honoré Champion, 2008, p. 109-130.

La traduction comme poème-relation avec Henri Meschonnic








« La traduction comme poème-relation avec Henri Meschonnic » dans B. Bonhomme et M. Symington (éds.), Le Rêve et la ruse dans la traduction de poésie, Paris : Honoré Champion, 2008, p. 131-143.